Mieux comprendre pour mieux agir en Région Centre

Mapping-Cresol

Nous vous livrons ici un projet en démarrage en région Centre. Il consiste en une observation participante du territoire dont la cartographie de données est le médiateur.
Quelques mots clef : OpenData, InfoLab, e-inclusion, usages collaboratifs, pratiques de collaboration, documentation et recette libre.

A Tours et à Vierzon, des acteurs de tous horizons (institutions, citoyens, associations, entreprises…) coopèrent quotidiennement dans la plupart de leurs actions. Que ce soit autour de la santé, de l’emploi ou de l’insertion, une culture du faire ensemble émerge et tend à s’outiller du numérique pour améliorer son efficacité. Nous pouvons notamment remarquer le développement d’expérimentations pour mesurer les opportunités créées par le développement des usages numériques collaboratifs, tant chez les professionnels de l’insertion et du travail social que chez les personnes accompagnées.

Nous observons donc ces dernières années un augmentation significative des capacités des acteurs du territoire à coopérer, en s’appuyant notamment sur les outils et usages numériques collaboratifs. En revanche ces nombreuses initiatives collectives, si elles commencent à s’interconnecter et à donner à voir leurs actions (ex : le Wiki savoirCom1), ne parviennent pas encore à les valoriser collectivement, à dégager une vision commune de leur territoire et à impliquer les habitants de manière satisfaisante.

La cartographie de donnée pour une vision partagée

Nous proposons ici de partager un projet en émergence qui vise à favoriser une représentation du territoire partagée par les acteurs. Ils appréhendant alors mieux la complexité et n’agissent finalement plus sur LEUR territoire, mais bien sur LE territoire en prenant en compte toutes ses composantes. Pour y parvenir, nous développerons l’usage des données, qu’elles soient statistiques ou relatives aux vécus des acteurs sur le terrain. Un outil cartographique développé par la mutuelle de données Altercarto (SuiteCairo) nous sert de médiateur : il permet à chacun de visualiser et manipuler les données pour leur donner du sens en les confrontant aux vécus et actions quotidiennes.

La quantité de données produite par notre société numérique est en croissance exponentielle et représente aujourd’hui l’une des grandes opportunités économique, scientifique, sociale et citoyenne de notre temps. En revanche, que ce soit par manque de médiation à l’usage des données ou du fait de leur appropriation exclusive par ceux qui les produisent, peu d’acteurs sont en capacité d’en tirer profit.

Une démarche d’enquête autonome et participative, avec le soutien de la Scop Acokima, permettra aux acteurs d’agir ensemble pour mieux connaître leur territoire. Ce sera l’occasion pour chacun d’approfondir ses relations avec les autres et d’opérer des rapprochements en saisissant les nouvelles opportunités d’actions collectives ainsi créées. En définissant ensemble la thématique autour de laquelle ils souhaitent enquêter et les indicateurs à même de leur en donner une vision éclairée, une vision partagée du territoire émergera progressivement. Les constats quant aux besoins présents localement ainsi partagés, des objectifs communs se dégageront et faciliteront les actions collectives. Cette démarche d’enquête intégrera largement le ressenti « de terrain » de ceux qui agissent au quotidien avec les habitants afin de produire une analyse au plus proche des réalités vécues.

Des données fine et ouvertes pour nourrir l’action

Au cours de l’enquête, des données nécessaires pour nourrir les indicateurs choisis viendront nécessairement à manquer. Un accompagnement spécifique permettra d’y remédier au fur et à mesure pour produire ou récupérer ces éléments de connaissance. Ils constitueront des données fines et ayant plus de sens dans l’action mais qui restent aujourd’hui très rares et généralement inaccessibles quand elles existent.

Si les données existent, nous irons solliciter ceux qui les détiennent (collectivités, institutions, chambres consulaires…) afin qu’ils les mettent à disposition en OpenData. C’est un biais qui nous permettra d’inviter ces producteurs de données à rejoindre le groupe : s’ils les ont produites, c’est que le sujet qui nous intéresse est en lien avec leurs missions. C’est aussi une manière de proposer une utilisation concrète et immédiate des données pour favoriser leur ouverture et sensibiliser à l’OpenData.

Lors-qu’aucune donnée existe, des fonds dédiés nous permettront de les produire, si possible directement avec les habitants. Nous pourrons par exemple imaginer la mise en place de capteurs citoyens concernant la qualité de l’air, qui donneront lieu à des ateliers directement auprès des personnes concernés. Ici aussi, c’est une porte d’entrée pour les habitants qui s’intéresseront certainement à l’usage des données qu’ils auront produit en participant à l’analyse avec le groupe. L’enjeu est également de ne pas récolter des informations sur un territoire et en tirer des conclusions à l’insu de ceux qui y vivent, mais bien de les intégrer dés leur production.

Si une stratégie d’inclusion progressive de nouveaux acteurs, dont les habitants, est définie, ces derniers seront autant que possible associés dés le démarrage. Ainsi les deux premiers mois de 2015 sont dédiés à l’identification des acteurs clef et des habitants ressources avec le noyau dur de personnes déjà mobilisées. En mars et avril, nous aurons deux mois supplémentaire pour les mobiliser, ce qui nous permettra de démarrer effectivement en mai avec un groupe suffisamment hétérogène pour être efficace !

Une document’Action au service de tous

Tout au long de la mise en œuvre de l’enquête, les actions collectives (et individuelles) parfois déjà existantes serviront de terrain d’expérimentation concret pour les solutions imaginées par les groupes. Il nous a semblé essentiel de ne pas nous couper de l’action afin de pouvoir faire des erreurs pour mieux avancer et nous adapter en permanence.

Nous partagerons chaque année les résultats de l’enquête auprès de l’ensemble des acteurs du territoire à l’occasion d’un temps d’échanges sans jamais attendre de résultats définitifs. Ce partage récurent et la documentation de l’ensemble des actions permettront de susciter des envies de participation au projet, mais également de ne pas priver ceux qui ne participent pas des connaissances que nous produirons. Pour résumer, nous visons des résultats rapides, même petits, dans une logique d’observation permanente à même de guider l’action de chacun. Ville au Carré, réseau ressource des acteurs de la Politique de la Ville, facilitera le lien avec ces acteurs.

Des territoires ouverts et reliés

La dimension régionale du projet permet l’imbrication des différentes échelles d’actions, élément clef pour produire des changements effectifs et pérennes dans les processus d’organisation territoriale. En effet, si nous pouvons partager certaines compétences, l’enjeu est avant tout de pouvoir les articuler de manière efficiente à différentes échelles. Ce constat sous-entend forcement de favoriser le lien entre ces différentes strates territoriales [1].

Régionalement, les acteurs disposeront d’espaces à même d’échanger sur leurs expériences entre les différents terrains d’expérimentations. D’une part, des rencontres physiques animées de manière à faire émerger l’intelligence collective des groupes permettront un partage des questionnements et un transfert des solutions. D’autre part, des outils communs à l’ensemble des participants connecteront les territoires dans leurs réalisations quotidiennes afin de prolonger les temps de rencontres physiques et d’accompagner l’autonomie des acteurs dans leur fonctionnement en réseau.

La documentation en ligne des actions et la participation à des événements hors région facilitera le partage de notre démarche et son essaimage. Ce sera également l’occasion pour nous de rester conscient des dynamiques à l’œuvre ailleurs pour nous en nourrir et réinterroger notre action.

A la recherche de territoires résilients

Au terme des trois premières années de mise en œuvre, les acteurs locaux seront autonomes dans la mise en œuvre de l’enquête. Les intervenants extérieurs (Acokima, Altercarto, Artefacts, . . .) n’ont ici pas vocation à apporter des services sr une longue durée, mais bien à mettre chacun en capacité de reproduire la démarche expérimentée. Nous nous appuyons d’abord sur les compétences présentes localement, qui seront de plus en plus nombreuses au fil des mois. Par exemple, l’EPN Résoudre à Jouè-Lès-Tours. dispose déjà de nombreux savoir-faire autour des usages collaboratifs : c’est eux qui formeront les participants en Touraine.

Notre volonté à long terme est de transformer durablement nos territoires : réduire les silos et faire évoluer les postures pour parvenir à une co-décision des politiues publiques. Nous croyons que seuls des territoires gérés collectivement où personne n’est indispensable mais où la participation de chacun est essentielle auront des capacités de résilience à même de réussir la transition socio-écologique. Imaginons un instant que, dans nos organisations territoriales centralisées, un maillon de la chaîne disparaisse : chacun des autres acteurs se retrouve isolé et incapable d’agir. Dans le cas de l’organisation horizontale et distribuée que nous participons à construire, chacun est autonome, en relation avec les autres et peut survivre même si des éléments disparaissent (Voir schéma ci-dessous).

Source : http://doc.ubuntu-fr.org/reseau_social

C’est finalement un projet qui vise à produire de l’Intelligence Territoriale [2] collective sur différents territoires que nous proposons. Comme tout projet collectif, nous sommes persuadés que ce que nous vous livrons ici a toute les chances de se passer différemment . . . c’est tout ce que vous pouvez nous souhaiter ! En revanche, il nous est apparu pertinent de vous livrer nos réflexions à ce stade pour que vous puissiez nous nourrir, mais également alimenter vos propres projets de ces quelques idées. A ces fins, vous trouverez le dossier complet [3] ci-dessous, en CC BY SA pour que les déconstructions et appropriations éventuelles se fassent en toute légalité.

[1] Subsidiarité active : http://www.institut-gouvernance.org/fr/analyse/fiche-analyse-32.html

[2] « En associant les acteurs et la communauté d’un territoire à la mutualisation des informations et à leur exploitation coopérative, l’intelligence territoriale améliore, dans un processus interactif, itératif et prospectif, leur compréhension de la structure et des dynamiques du territoire, et leur maîtrise collective du développement territorial. » Jean-Jacques Girardot – Intelligence Territoriale et Participation, Mai 2004

[3] Ce projet est co-produit dans le cadre du PTCE CoopAxis, avec Stéphane Caillaud, Jean-Jacques Girardot, Hervé Paris et Florence Le Nulzec. Il prend racines dans un terrain fertile travaillé depuis quelques années par Cyrille Giquello et Malvina Balmes, entrepreneurs salariés au sein de la CAE Artefacts ainsi que les nombreux acteurs présents.

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