Article 2 : La Petite Filature, une démarche d’éducation populaire politique festive

« L’éducation : c’est écrire, lire, compter.
L’éducation populaire : c’est écrire sa vie, lire entre les lignes, compter sur les autres »

MA DÉMARCHE DE RÉDACTION

Je continue, par ce texte, à écrire une série d’articles dans le journal du Cré-Sol. Ils sont postés mois après mois, au fil du cheminement de la réalisation de La petite filature. Cet article est le deuxième de la série et il est la suite de « La création de La petite filature ». Au fil des mois, à travers ces pages Cré-Soliennes, je prendrai le temps d’exposer au maximum la démarche et la réflexion dans lesquelles je suis depuis une année.

La petite filature, du fil de soi au fil de l’autre, est née en janvier 2017. Comme il a été précisé dans l’article précédent, c’est un espace où l’on réfléchit par soi-même pour changer le monde avec les autres. C’est un espace d’accompagnement à la formation dans le champ de l’éducation populaire, et à ce terme « d’éducation populaire », j’ai ajouté « politique et festive ». Et c’est cette démarche que je vais expliciter dans cet article.

Je continue, par ce texte, à écrire une série d’articles dans le journal du Cré-Sol. Ils sont postés mois après mois, au fil du cheminement de la réalisation de La petite filature. Cet article est le deuxième de la série et il est la suite de « La création de La petite filature ». Au fil des mois, à travers ces pages Cré-Soliennes, je prendrai le temps d’exposer au maximum la démarche et la réflexion dans lesquelles je suis depuis une année.

La petite filature, du fil de soi au fil de l’autre, est née en janvier 2017. Comme il a été précisé dans l’article précédent, c’est un espace où l’on réfléchit par soi-même pour changer le monde avec les autres. C’est un espace d’accompagnement à la formation dans le champ de l’éducation populaire, et à ce terme « d’éducation populaire », j’ai ajouté « politique et festive ». Et c’est cette démarche que je vais expliciter dans cet article.

UN PEU D’HISTOIRE

En effet, ma réflexion fut de me dire qu’il fallait que je présente cet historique de l’Éducation populaire pour rendre hommage à ceux qui ont lutté, qui ont rêvé, qui ont souhaité changer le cours des évidences depuis Condorcet à aujourd’hui.

1- Les origines par Condorcet et la suite : « Offrir à tous les individus de l’espèce humaine les moyens de pourvoir à leurs besoins, d’assurer leur bien-être, de connaître et d’exercer leurs droits, d’entendre et de remplir leurs devoirs. Assurer à chacun d’eux la facilité de perfectionner son industrie, de se rendre apte aux fonctions sociales auxquelles il a droit, d’être appelé à développer toute l’étendue de talents qu’il a reçus de la nature ; et par là, établir entre les citoyens une égalité de fait, et rendre réelle l’égalité politique reconnue par la loi. Tel doit être le premier but d’une instruction nationale : et sous ce point de vue, elle est, pour la puissance publique, un pouvoir de justice ». Les 20 et 21 avril 1792, c’est en ses mots que le marquis de Condorcet introduisit son texte appelé « Rapport sur l’organisation de l’instruction publique ». L’école que veut créer Condorcet conduit inévitablement à la République car son projet tend à former des citoyens libres, égaux et fraternels. De plus, Condorcet a défini un projet d’instruction qui dépasse l’école puisqu’il envisage l’éducation de l’individu à tous les âges de la vie.

On a coutume de faire naître l’Éducation populaire avec Condorcet, sachant entre autres choses, qu’il a été un des premiers à parler d’éducation tout au long de la vie. En effet, il propose une instruction en deux temps : l’éducation de l’école primaire, puis l’éducation tout au long de la vie. De plus, avec une grande avance sur son temps, il parle aussi d’égalité femmes/hommes, d’anti-esclavagisme et d’éducation pour tous.

Mais, nous savons aujourd’hui qu’il n’y a pas de date qui précise la naissance de l’Éducation populaire et Condorcet ne parlait pas en ces termes. Il y a des textes comme ce rapport, par exemple, qui pose les bases d’une réflexion nouvelle sur l’éducation, mais rien ne définit ni ne pose une définition de l’éducation populaire.

Dans la même idée d’incertitude, Olivier DOUARD1, écrit « En effet, l’éducation populaire reste aujourd’hui un champ très diversifié se référant à des définitions qui nous interrogent ».

Voici une autre définition de l’Éducation populaire de Luc CARTON2 qui est fort intéressante parce qu’elle englobe une histoire, des idées et des moyens : « L’éducation populaire est tout à la fois une philosophie de l’histoire, une configuration et un outil. Elle est au carrefour de l’éducation permanente, de l’éducation des adultes, de l’éducation ouvrière, de l’animation socioculturelle et de l’économie sociale ». Je trouve cette définition globale et renvoie bien à la diversité de ce courant de pensée.

Je vous propose aussi la définition du Mouvement d’éducation populaire et d’actions communautaire du Québec écrite en 1978. On peut lire « L’Éducation populaire, c’est l’ensemble des démarches d’apprentissages et de réflexions critiques par lesquelles des citoyens et citoyennes mènent collectivement des actions qui amènent à une prise de conscience individuelle et collective au sujet de leurs conditions de vie ou de travail, et qui visent à court, moyen ou long terme, une transformation sociale, économique, culturelle et politique de leur milieu ».

Malgré ces questionnements quant à son origine, aujourd’hui, l’Éducation populaire portée par le CNAJEP3, propose cette charte, texte tout à fait singulier et beau, qui valorise l’homme et sa liberté. Je me permets de le citer en entier afin d’en éprouver sa force : « Ce que l’on nomme ici éducation populaire est une vision fondamentalement politique des rapports de savoirs concernant la vie en société. Elle réfute pour ceux-ci toute conception hiérarchisée et affirme au contraire l’égalité de principe entre tous les points de vue possibles à propos du vivre ensemble. L’action éducative et culturelle que prône l’éducation populaire est le travail de leur mutuelle confrontation de manière à parvenir à la constitution d’une connaissance partagée. Son éthique réside dans la profonde conviction que tout être humain détient les moyens de se construire une compréhension du monde, à condition qu’il puisse entrer en relation avec ses semblables dans un rapport de coopération, même conflictuel. Les processus qu’elle développe et les méthodes qu’elle utilise sont des compagnonnages actifs qui visent à agir AVEC ceux qu’ils concernent et non à leur place. Ils se fondent sur une conception de l’éducation comme un échange réciproque entre savoirs et savoir-faire égaux en dignité ».

L’Éducation populaire, aujourd’hui, c’est un courant –ou des courants- de pensée, mais aussi :
-des démarches : pédagogiques actives, pédagogies alternatives, démocratisations des savoirs, confrontations des idées…
-des pratiques : techniques d’animation qui favorisent le débat et les échanges…
-des champs d’intervention : éducation sociale, éducation politique, éducation pour la santé, éducation socioculturelle…
-des publics : souvent les jeunes, les personnes en précarité, les immigrés…
-des lieux : l’éducation se réfère à l’école (éducation formelle) et l’Éducation populaire se réfère aux temps hors l’école (éducation non formelle)

Pour clore cette partie, citons l’historienne Françoise TESTARD4 à propos de cette diversité des possibles quand on parle d’Éducation populaire : « Relèvent de l’Éducation populaire les personnes et les mouvements qui s’en réclament ». D’ATTAC à Framasoft en passant par les Scouts de France, il n’y a pas une, mais mille façons de vivre l’Éducation populaire aujourd’hui.

2- Les trois courants de l’Éducation populaire : A ce stade-là de la réflexion, il semble incontournable d’expliquer, même succinctement, ces trois courants afin de dégager celui qui est, aujourd’hui, le courant dans lequel se situe ma démarche. De plus, je peux dire que les deux premiers courants présentés sont plus marqués par des conceptions socioculturelles et socio-éducatives de l’Éducation populaire, très clairement complémentaires de l’Éducation nationale ; alors que le troisième courant présenté a, de toute évidence, une approche plus politique de l’Éducation populaire et c’est celui-ci qui m’intéresse tout particulièrement. Une majorité d’historiens de l’Éducation populaire s’accordent à dire qu’il existe trois courants nés dans la seconde moitié du 19ème siècle qui reposent principalement autour de la « question sociale » .

– un courant confessionnel : Olivier DOUARD écrit dans « La santé de l’homme » 5 à propos de ce courant : « Même si l’on peut y trouver des organisations qui s’adressent plus spécifiquement aux adultes, ce sont surtout les enfants et les jeunes qui sont visés, dans une double approche, charitable et moralisatrice. […] Ses œuvres emblématiques en sont le patronage et la colonie. Il s’agit surtout d’« aider les miséreux » et d’« assurer la persévérance religieuse », de maintenir « l’ordre moral établi » ». Il précise, de manière plus critique que dans ce courant, « la perspective de « transformation sociale », souvent revendiquée par les organisations d’éducation populaire, ne va pas jusqu’à questionner le modèle social et économique dans lequel se déploie le projet. Ainsi, pour revenir sur l’exemple des jardins ouvriers, Lemire en exprime clairement la perspective : lutter contre l’alcoolisme et couper les ouvriers de l’influence des « rouges », syndicalistes et militants socialistes ou libertaires, qui déploient leur propagande dans les cafés près des usines ».

– un courant laïc : En citant toujours Olivier DOUARD6 :  Jean MACE, par la création de la Ligue de l’enseignement, en 1866, est le fer de lance de ce courant. « Il s’agit pour elle de faire émerger en France une école républicaine, obligatoire, gratuite, laïque, etc., puis de concevoir et mettre en œuvre ce qui est nécessaire, en complément de l’école, pour parfaire et prolonger de manière permanente l’éducation de tous ». Un des objectifs majeurs de ce courant est de lutter contre le contrôle de l’éducation par les religieux. Nous nous retrouvons dans une idéologie anticléricale.

– un courant « ouvrier » :  Je terminerai par présenter le troisième courant, appelé « courant ouvrier ». Olivier DOUARD7 explique si justement qu’« il s’agit clairement ici de la réalisation d’un projet d’émancipation individuelle et collective des masses populaires, qui se concrétise principalement à travers les universités populaires, les instituts populaires d’obédience protestante et les bourses du travail. L’action repose sur des conférences-débats, des cours du soir, la mise en place de bibliothèques pour les familles, l’organisation de visites culturelles, de spectacles, d’activités sportives, etc. Le discours inaugural de La Coopération des idées du Faubourg Saint-Antoine, à Paris, en précise bien la perspective émancipatrice : « Camarades, aspirant à employer nos heures de loisir pour notre développement physique, intellectuel et moral, ce qui veut dire pour notre émancipation sociale, nous dressons, en face du cabaret et du café-concert, notre première université populaire. » ».

3- Dans les pas du courant ouvrier : courant dans lequel se situe ma démarche d’éducation populaire politique festive : Il apparaît de façon évidente, suite à la présentation de ce courant que la participation responsable et citoyenne y est posée comme une posture incontournable. Et c’est bien cela qui m’intéresse dans ma démarche mais aussi dans la vie de tous les jours.

En reprenant les mots d’Olivier DOUARD8, je pourrai avoir une idée de ce qu’est l’Éducation populaire que nous nommons « politique » aujourd’hui. Je cite : « Si la « question ouvrière » du XIXe siècle ne se pose plus en ces termes, cette approche plus politique de l’éducation populaire se trouve réactivée, depuis quelques années, par la question sociale du moment, celle du développement massif de la précarité et de l’exclusion sociale. Face à cela, l’éducation populaire cherche à proposer aujourd’hui une réponse plus politique, comme le montre la référence à l’éducation populaire d’associations d’un type nouveau, comme Attac ou Droit au logement ».

Ce même auteur nous donne sa vision que nous pourrions nommer « politique » de l’Éducation populaire qui pourrait en faire une définition : « L’éducation populaire, quand elle abandonne son strict cantonnement aux secteurs post et périscolaire complémentaires de l’École publique, se reconnaît fondamentalement citoyenne et émancipatrice. Il s’agit de permettre à chacun et à tous de « se réaliser pour devenir un agent de transformation sociale », c’est-à-dire d’atteindre à une certaine compréhension du monde dans lequel nous vivons pour y prendre sa place et pouvoir peser, à sa mesure, sur le cours des choses. Cette éducation populaire pourrait être l’éducation de tous par tous et le droit à l’intelligence politique ».

La question de l’Éducation populaire politique a peu à peu évolué cette dernière décennie et la notion de « puissance sociale » des publics en grande difficulté devient tout à fait centrale. En anglais, nous disons « empowerment » et en Amérique latine « capacitacion ». Ce processus de puissance sociale, nationale et internationale, se trouverait alors au cœur du projet même de l’Éducation populaire.

Olivier DOUARD9 précise à propos de cette idée : [cela] repose sur des méthodes qui font varier les formes et le degré d’implication. Il cite Margot Breton, qui en précisait en 1998, le sens : « Quand on parle de modèles de pratiques qui visent l’empowerment, on parle de pratiques qui offrent l’occasion aux exclus, qui sont sans voix, d’acquérir une voix et de se servir de cette voix pour participer aux décisions sociopolitiques (ou agir sur les décisions sociopolitiques) qui affectent leur vie et pour obtenir une juste part des ressources de leur société. […] Cette appréhension particulière – mais internationalisée – de la condition humaine et de sa nécessaire émancipation se réfère à des grilles de lecture variées, des courants libertaires aux socialismes utopiques, du marxisme à la théologie de la libération ».

En France, ce courant est minoritaire dans l’éducation populaire, et « renvoie aussi à certaines de ses analogies à l’étranger, où les conditions sociales de son émergence ont imposé des approches plus radicales. Ces expériences redeviennent, aujourd’hui, une inspiration pour de nombreuses organisations d’éducation populaire soucieuses de construire des réponses nouvelles à la lancinante question de l’exclusion (et se présentant souvent comme des alternatives au travail social « à la française10

Aujourd’hui, l’Éducation populaire politique marche main dans la main avec la culture et a joué un rôle particulier dans la formation des individus et des groupes. Mais, nombreux sont ceux qui s’accordent à dire qu’elle a une perspective émancipatrice. Et beaucoup aussi utiliseraient les termes de « transformation sociale ».

Très succinctement, j’apporte par cet article, une vision de l’éducation populaire tant dans sa dimension sociale, pratique, théorique et historique. Je situe ma démarche professionnelle dans le courant de l’Éducation populaire politique, courant de pensée qui  « réapparaît » dans les années 1990, grâce entre autre à l’Offre Public de réflexion de l’Éducation populaire11 et les créations des SCOP12 d’Éducation populaire.

J’ai bien conscience que cet article donne un goût de « non-abouti » mais je souhaitais trouver des références et des auteurs qui cernent très bien les enjeux de ce courant de pensée aujourd’hui.

ÉDUCATION POPULAIRE POLITIQUE FESTIVE : UNE DÉMARCHE GLOBALE D’ÉMANCIPATION

La petite filature, aujourd’hui se revendique de marcher dans les pas de l’éducation populaire politique. L’émancipation des personnes est la finalité de cette démarche. La puissance d’agir sera la force et la conviction avec lesquelles nous agirons au quotidien.

Dans les méthodes et les démarches pédagogiques utilisées aujourd’hui, l’accent est plus mis sur les pratiques d’éducation populaire -en particulier la démarche participative-, sans pour autant permettre à chacun de s’approprier le sens politique de ces démarches. C’est pour cela, qu’il est nécessaire d’inscrire la dimension politique de l’éducation populaire comme vecteur de changement social.

Ajoutons que la dimension festive de l’éducation populaire, permet de sortir des rapports de dominations liés au statut de chacun. Le cadre festif créer des conditions positives et mobilisatrices pour réfléchir, concevoir et agir ensemble pour favoriser du rapport de force dans la société

La petite filature met en valeur trois mots pour définir sa démarche :

Émancipatrice : tant dans la visée que dans la pédagogie, l’émancipation est le travail sur soi, à partir de ses expériences et son histoire de vie, visant une meilleure connaissance de soi-même et de son environnement, en vue d’un épanouissement qui permette de mieux appréhender puis de comprendre le monde

Transformatrice : à partir d’une analyse sociologique, philosophique, historique et économique, c’est un travail collectif de compréhension du monde, de son milieu professionnel et de son cadre de vie, afin de rendre chaque personne à son statut d’acteur politique, transformateur de société

Festive : par la rencontre de l’autre, la compréhension de ses différences, dans une démarche de réciprocité, au cours de temps formels et informels, initiés par chacun dans une société d’égaux, en vue de réenchanter le monde. La dimension festive renvoie, pour La petite filature, à la dimension de « l’altérité » entre autre. C’est bien dans des moments informels, conviviaux et basés sur le plaisir que les premiers pas de l’émancipation se font.

Liens vers les autres articles :
Article 1 : La création de la Petite Filature, du fil de soi au fil de l’autre – Partie 1 · Partie 2
– Article 3 : La Petite Filature, une démarche d’accompagnement à la formation
– Article 4 : La Petite Filature, Création et mise en place d’un “bilan appréciatif”
Article 5 : La Petite Filature, Être salariée d’une coopérative d’activités et d’emploi
Article 6 : La Petite Filature ouvre une lieu d’éducation populaire

1Olivier DOUARD, Éducation populaire, éducation pour la santé…quels liens ? in La santé de l’homme, n°405, janvier-février 2010, p 13-38
2Luc CARTON, « Les défis de l’éducation populaire », in ministère de la Jeunesse et des sports, Rencontres pour l’avenir de l’éducation populaire, 1999
3Comité pour les relations nationales et internationales des associations de jeunesse et d’éducation populaire
4 Françoise TESTARD, « L’éducation populaire, une voie citoyenne » in la CGT Ensemble, janvier 2016
5Olivier DOUARD, opus cité
6Olivier DOUARD, opus cité
7Olivier DOUARD, opus cité
8Olivier DOUARD, opus cité
9Olivier DOUARD, opus cité
10 Olivier DOUARD, opus cité
11En 1998, Marie-George Buffet, alors Ministre de la Jeunesse et des Sports, initie des Rencontres pour l’avenir de l’éducation populaire qui se tiendront les 5 et 6 novembre 1998 à la Sorbonne et réuniront 1300 participants. A l’issue de ces rencontres, la Ministre lance l’idée d’une Offre publique de réflexion sur l’éducation populaire (OPR). 520 groupes de travail sur tout la France vont travailler sur les questions autour de l’avenir de l’éducation populaire. Cette offre n’était pas une simple consultation ; puisqu’elle proposait de travailler sur une dimension prospective et assumait une hypothèse de départ qui était la suivante : l’éducation populaire comme travail de la culture dans la transformation sociale, politique et économique. Propos extraits du site http.www.injep.fr
12 Société Coopérative Ouvrière de Production

S’abonner
Notifier de
guest
0 Commentaires
Inline Feedbacks
Voir tous les commentaires

CES ARTICLES
POURRAIENT VOUS INTÉRESSER