Actions citoyennes dans les enjeux alimentaires, environnementaux et territoriaux

Il y a une quinzaine d’années, les consommateurs ont commencé à s’intéresser aux productions locales, probablement en réaction aux graves crises alimentaires qui ont frappé la France dans ces années-là, avec l’impression que « le produit acheté à un producteur local est  quasiment synonyme d’aliment écologique 1». Cet engouement n’a cessé de croître et a permis le développement d’associations de consommateurs comme les AMAP 2 ou encore le développement de marchés à la ferme regroupant plusieurs producteurs locaux.

Cette attente des consommateurs pour les productions locales, puis les productions issues de l’agriculture biologique (le marché des produits alimentaires bio ne cesse de progresser, + 32% en 2 ans3) contribue à un développement de l’offre alimentaire de proximité, par l’installation de nouvelles exploitations agricoles ou la conversion d’exploitations conventionnelles.

L’intérêt porté par les consommateurs aux circuits courts, et notamment à la distribution locale des produits bio, conduit certains d’entre eux à s’interroger sur la notion même de consommation. C’est ainsi que sont  apparues les AMAP,  en réponse au marché alimentaire qui multiplie les intermédiaires entre  producteurs et  consommateurs, et n’assure pas  au producteur une juste rétribution de son travail.

Dans le même temps est né le mouvement Terre de Liens. En travaillant sur les dynamiques de création d’entreprises en milieu rural, ses fondateurs ont fait un double constat :
– le principal frein à l’installation des agriculteurs était l’accès au foncier
) la spéculation foncière était accélérée par le développement du tourisme, des activités de loisirs et de l’urbanisation.

C’est ainsi que, dans le respect de la charte de Terre de Liens4, des  citoyens se groupent, deviennent acteurs de projets d’installation et de préservation des terres agricoles par un investissement solidaire. Chaque projet d’acquisition se base en partie sur la présence d’un groupe local dont la configuration est variable selon le projet. Il peut être constitué de paysans, d’habitants, de consommateurs, d’associations et d’élus locaux.

En permettant  à un agriculteur de s’installer, ces citoyens s’impliquent  dans le développement à long terme d’une économie de proximité, intervenant dans le processus de la transmission de la terre, qui, bien souvent, ne permet pas l’installation de nouveaux paysans non issus du monde agricole.

Ces personnes qui se mobilisent au-travers des associations de consommateurs ou de Terre de Liens deviennent des acteurs de la vie économique locale et constituent un élément moteur  de dynamisation des territoires.

Enfin,  en s’impliquant au niveau économique (par l’instauration de réseaux de distribution de proximité et par la contribution à l’installation d’agriculteurs bio) ces citoyens contribuent à faire émerger des valeurs de solidarité entre les habitants d’un même territoire dans le respect de l’environnement.

Françoise Bégout
Présidente de Terre de Liens Centre

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