La visioconférence au service des victimes en Touraine

Photo : Andreas Haslinger / Unsplash

À Tours, l’association France Victimes 37 vient en aide aux victimes d’infraction pénale. Pour élargir son champ d’action au milieu rural, l’équipe a recours, depuis le mois de septembre, à un dispositif de visio-conférence. Déjà expérimenté en Charente, il fait ses preuves.

Dans toute la France, l’association France Victimes apporte son aide gratuite à toute victime d’infraction pénale (vol, agression, accident…). Financée majoritairement par le ministère de la justice, l’association est présente sur chaque département. En Indre-et-Loire, sept juristes, réparties dans différents lieux de l’agglomération tourangelle, ainsi qu’à Loches et à Chinon, se chargent de cet accompagnement.

Étendre l’accompagnement des victimes aux zones rurales

Poussés par l’envie d’étendre leur présence aux zones rurales du département, les membres de l’association ont adopté, depuis septembre, un système d’appel vidéo jusqu’alors uniquement expérimenté par leurs collègues en Charente. Dans plusieurs gendarmerie, une tablette numérique est mise à disposition de la victime, isolée dans une salle dont la confidentialité des échanges est respectée, afin de contacter une juriste, pour obtenir un soutien, des conseils, un point de vue objectif sur la situation. Un dispositif vidéo qui entraîne plus de confiance qu’un appel téléphonique, souligne Marie-Paule Carrey Le Bas, directrice de l’association France Victimes 37 et juriste : “la vidéo permet un contact plus humain, en toute intimité dans une salle isolée.” Dans les locaux de l’association, une juriste est donc de permanence, disponible le matin, pour effectuer les consultations en distanciel. Elle apporte ainsi une aide immédiate

Sur 2 400 personnes accompagnées en 2020, 60% étaient sur l’agglomération : on a voulu trouver une solution pour élargir notre capacité d’accompagnement aux milieux ruraux.” explique Denis Courtois, président de France Victimes 37. Il n’est pas possible d’avoir une présence physique dans chaque gendarmerie, faute d’un nombre suffisant de juristes. La mise en place de ce dispositif va apporter une égalité de service à tout le territoire. 

Ce dispositif, pour l’instant en place dans les gendarmeries de Château-Renault, Amboise, Loches, Chinon et Tours, a déjà fait ses preuves. Denis Courtois raconte : « on a eu un résultat immédiat à Loches. Nous avons réussi à faire en sorte que la victime porte plainte, et le Parquet a décidé une comparution immédiate. Elle s’est constituée partie civile pour se déclarer victime, et obtenir des dommages et intérêts. Avant l’échange, la personne souhaitait juste faire une simple déposition.« 

Le dispositif d’accompagnement

Les juristes se chargent de l’accompagnement : elles proposent aux victimes des conseils pour entamer la procédure judiciaire, avec une meilleure compréhension de la situation, et expliquent les recours possibles. “Elles sont là pour proposer une aide dans les démarches, des conseils, et aussi un soutien pour tout ce qui a un impact humain ou organisationnel.” complète Marie-Paule Carrey le Bas.

La juriste met en valeur l’importance de ces démarches : “on essaie d’accompagner les victimes de toutes les procédures de comparution immédiate (procédure qui permet de faire juger rapidement quelqu’un à la suite de la garde à vue, ndlr). Nous les aidons à se constituer partie civile (ce qui permet de demander l’ouverture d’une enquête dirigée par un juge d’instruction) afin d’être indemnisées, en cas de préjudice moral, physique ou matériel. On peut aussi les accompagner au procès, où l’auteur des faits est souvent présent. Ça leur permet de se poser avec quelqu’un d’autre, qui a une neutralité sur la situation, et pour nous, de prendre le temps de leur expliquer la situation, avec une vision différente. C’est un accompagnement personnel, avec l’œil de l’aide aux victimes, pour les rassurer dans ces démarches.« 

Denis Courtois complète : “on ne propose pas tous les mêmes services, selon les régions. Cela dépend en priorité des besoins du territoire. Nous faisons de l’accompagnement des victimes, d’autres mettent à disposition, sans délai, des lieux d’hébergement pour les femmes victimes de violences conjugales.” 

Les sept juristes de l’association France victimes 37 se répartissent les permanences sur différents lieux de l’agglomération (voir liste ci-dessous). Trois d’entre eux assurent aussi des permanences au bureau de France Victime, au centre de vie du Sanitas, où se trouvent aussi la crèche, la médiathèque et le planning familial. L’environnement neutre a été choisi dans un but de discrétion, pour celles et ceux souhaitant s’y rendre secrètement. Sur rendez-vous, les victimes de violences conjugales, de crimes sexuels, de violences routières, ou encore de vol, peuvent s’y rendre en toute discrétion, pour être accompagnées dans leur démarche juridique, et y trouver un soutien psychologique. 

Les lieux de permanence à Tours

    • • L’institut médico légal (Sur rendez-vous)
    • • Le commissariat (Avec et sans rendez-vous)
    • • Le service de santé de l’université (Sans rendez-vous)
    • • Joué-lès-Tours, à la maison de la justice et du droit (Sur rendez-vous)
    • • Chinon, au centre communal d’action sociale (Sur rendez-vous)
    • • Loches, à l’espace social (Sur rendez-vous)
    • • Centre de vie du Sanitas (Sur rendez-vous)
    • • Prochainement, à la fin des travaux, le palais de Justice

L’association France Victime 37 espère pouvoir doter 15 gendarmeries du nouveau dispositif d’appel en visio dans les prochains mois, et participer à l’extension de celui-ci dans toute la France : “Un autre département nous a déjà demandé des informations sur le dispositif, indique Denis Courtois. On s’échange les clés de ce qui fonctionne. C’est la richesse du réseau.”

Lisa Darrault

Photo principale : Andreas Haslinger, Unsplash

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